Comprendre les psychotraumatismes et comment s'aider pour guérir
- Mélanie Canton Chant et Sophro
- 30 mai
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 juin

Le mot "trauma" fait parfois peur, comme s’il ne concernait que des événements extrêmes, spectaculaires, ou tragiques.
Et pourtant, le psychotrauma peut survenir dans des contextes beaucoup plus ordinaires, et toucher chacun d’entre nous, à différents moments de la vie.
Ce n’est pas l’événement en lui-même qui crée un traumatisme, mais la manière dont notre corps, notre psychisme, notre système nerveux, y réagit.
Dans leur livre aussi clair que réconfortant, Les psychotraumatismes illustrés (éd. Dunod), la psychologue Gwenaëlle Persiaux et l’illustratrice Johanna Micoux décrivent avec finesse les mécanismes du trauma.
Elles nous rappellent que le psychotrauma est avant tout une blessure invisible, une trace laissée dans le cerveau, le corps, la mémoire, le cœur…
Et que cette trace peut s’apaiser, avec le temps, la sécurité, et un accompagnement respectueux du rythme de chacun.
En tant que sophrologue et professeure de chant, j’ai souhaité croiser ces éclairages avec mon expérience d’accompagnement, pour montrer comment le corps, le souffle et la voix peuvent devenir des ressources précieuses dans un chemin de reconstruction.
Qu’est-ce qu’un psychotrauma ?
Le psychotrauma, c’est ce qui reste après un événement ou une série d’événements qui ont dépassé notre capacité à y faire face.
Il peut s’agir d’un accident, d’une agression, d’un harcèlement, d’une négligence affective, d’une rupture brutale, ou de toute situation vécue comme une menace vitale ou existentielle.
Le cerveau, face à ce choc, met en place un mode de survie.
Il peut déconnecter certaines fonctions, figer le corps, stocker des émotions à vif, perturber la mémoire ou l’attention.
Et bien longtemps après, les effets se prolongent : anxiété, troubles du sommeil, flashbacks, hypersensibilité, tensions corporelles, difficulté à se concentrer ou à faire confiance.
Un traumatisme, ce n’est donc pas une faiblesse, c’est une tentative de l’organisme de survivre à un choc trop intense.
Un corps qui se souvient
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, un traumatisme n’est pas seulement un souvenir douloureux, c’est un état corporel, souvent invisible, mais bien réel.
Le système nerveux autonome, chargé de gérer nos réactions de stress ou de calme, reste parfois bloqué en mode “alerte rouge”.
Cela se manifeste par :
des tensions chroniques (nuque, dos, mâchoires…),
des troubles digestifs ou respiratoires,
des douleurs inexpliquées,
un sentiment de flottement, de dissociation, de ne pas vraiment être "là".
Comme le souligne Gwenaëlle Persiaux, le corps garde la mémoire du trauma, parfois bien plus que la pensée consciente.
Guérir en douceur : une approche globale
Il ne s’agit pas de "traiter" un traumatisme comme une panne qu’on répare, mais plutôt d’en apprivoiser les traces, d’en prendre soin, et de se donner le droit de ressentir à nouveau la sécurité, la stabilité, la joie.
Aujourd’hui, de nombreuses approches complémentaires permettent d’accompagner les traumatismes avec respect et efficacité :
EMDR, hypnose, ICV, TCC pour la restructuration cognitive et émotionnelle ;
thérapies corporelles, art-thérapie, sophrologie, méditation, chant, danse… pour retisser du lien entre le corps et l’esprit.
La sophrologie et le chant : des alliés sensibles
Dans ma pratique, je constate combien la sophrologie et le chant peuvent être des portes d’entrée douces et puissantes vers un mieux-être après un traumatisme.
Le souffle : régulateur du système nerveux
La respiration est une des premières fonctions perturbées par le stress post- traumatique. Travailler le souffle, c’est offrir au corps une expérience de calme, de sécurité, de maîtrise. C’est reprendre le contrôle, peu à peu, sur un système nerveux déboussolé.
La voix : reconquête de soi
Le traumatisme peut nous faire perdre notre voix, au sens propre comme au figuré.
Poser sa voix, chanter, parler, vibrer… c’est réhabiter son corps, exprimer ce qui a été tu, retrouver une place, une présence.
Le mouvement conscient : réinvestir son corps
Par des exercices simples, respectueux et progressifs, on peut aider une personne à se réconcilier avec son corps, à retrouver des repères sensoriels, à se sentir de nouveau "chez soi", dans sa peau.
Un accompagnement dans le respect de la personne
Travailler avec des personnes ayant vécu un traumatisme demande une posture très spécifique : pas de forcing, pas d’interprétation, pas d’attente de “résultat”.
Quels que ce soit les accompagnements que vous choisirez, écoutez votre rythme, vos envies et soyez attenti.f.ve.s à vous sentir en confiance et suffisamment à l'aise avec le thérapeute.
Il s’agit avant tout de vous sentir dans un cadre de sécurité dans lequel vous pourrez vous sentir le droit d’exister, d’être entendue, et de choisir le rythme de votre reconstruction.
Le chant et la sophrologie ne sont pas des “solutions miracles” : ce sont des ressources, des outils sensoriels et émotionnels, qui peuvent compléter un parcours thérapeutique ou en être une première étape.
En conclusion : un chemin possible vers l'apaisement
Se relever après un traumatisme demande du temps, du soutien, de la patience.
C’est un chemin singulier, parfois sinueux, mais jamais figé.
Grâce à une approche corporelle et sensorielle, on peut redonner au corps une voix, au souffle un mouvement, à l’esprit un sentiment de sécurité.
Parce que oui, guérir est possible.
Et parfois, cela commence simplement par un soupir de soulagement, un silence habité, un son qui vibre.
Une voix qu’on n’avait plus entendue depuis longtemps : la sienne.
Pour aller plus loin :
Les psychotraumatismes illustrésde Gwenaëlle Persiaux et Johanna MicouxÉditions Dunod.
Un ouvrage magnifique, clair, pédagogique, tendre et profond, à lire pour mieux comprendre les mécanismes du trauma et les chemins possibles de reconstruction.
Je vous le recommande.
A bientôt!
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