Chant, sophro, musique et maladies neurodégénératives : accompagner autrement
- Mélanie Canton Chant et Sophro
- 1 juin
- 3 min de lecture

Accompagner des personnes atteintes de maladies neurodégénératives, c’est rencontrer l’humain dans ce qu’il a de plus essentiel : la sensibilité, l’émotion, la vibration de l’instant présent.
Lorsque la mémoire vacille, que les repères s’effacent, que le langage devient fragile, il reste quelque chose d’infiniment précieux : le corps, le souffle, la musique intérieure.
C’est là que le chant et la sophrologie trouvent tout leur sens, non pas comme une technique, mais comme un chemin de relation.
Le chant : raviver la mémoire affective
Même dans les stades avancés de la maladie d’Alzheimer ou du syndrome à corps de Lewy par exemple, certaines chansons – notamment celles de l’enfance, de la jeunesse ou des moments marquants de la vie – restent profondément ancrées.
C’est ce qu’on appelle la mémoire émotionnelle et musicale, souvent intacte alors que le langage courant s’efface.
Chanter, même simplement fredonner, devient alors une porte d’entrée vers la joie, la communication, le mouvement.
Les visages s’éclairent, des paroles reviennent, un pied bat la mesure.
Dans mon approche, je travaille avec des chansons soigneusement choisies, en lien avec les âges, les contextes de vie et les préférences des personnes.
Le répertoire est vivant, accessible, parfois drôle, parfois émouvant… et toujours porteur de sens.
La sophrologie : revenir au corps, ici et maintenant
La sophrologie, dans ce cadre, ne se vit pas comme une méthode de performance, mais comme un art de la présence.
À travers des exercices doux, souvent guidés à la voix, j’aide les participants à :
retrouver une respiration plus libre et ample,
relâcher les tensions corporelles,
se recentrer, même brièvement, dans le moment présent,
ressentir leur corps comme un lieu d’ancrage et de sécurité.
Un simple mouvement lent des épaules, un souffle conscient, une visualisation apaisante… et quelque chose se pose.
Ce sont des bulles de calme, parfois brèves, mais précieuses, qui permettent de mieux vivre l’instant.
Une approche globale, sensorielle et bienveillante
Chaque personne est unique, et chaque séance est adaptée.
Il ne s’agit pas de faire « faire », mais d’ouvrir des possibles, dans le respect total des capacités du moment.
Je m’appuie sur des outils sensoriels et relationnels : la voix chantée bien sûr, mais aussi le regard, le toucher bienveillant (quand cela est possible), le rythme, l’écoute.
Parfois, c’est une respiration à deux.
Parfois, c’est un chant collectif qui rassemble tout le groupe dans une même vibration.
Avec ces accompagnements, je vise :
le renforcement de l’estime de soi, même dans la fragilité,
la stimulation des fonctions cognitives à travers la musique, le rythme, la répétition,
la reconnexion au plaisir : plaisir d’être là, de chanter, de sentir qu’on est toujours « quelqu’un »,
le lien social, si essentiel quand la maladie isole.
Pour les aidants et les professionnels : un soutien complémentaire
Ce travail ne concerne pas uniquement les personnes malades.
Il offre aussi un soutien aux aidants, souvent en quête de moments d’apaisement et de complicité.
Les soignants, eux aussi, me témoignent régulièrement de l’impact positif de ces séances : des résidents plus calmes, plus présents, un climat plus serein dans les unités, et parfois, des surprises inattendues…
Quand la voix devient soin de l’âme
Accompagner des personnes atteintes de maladie dégénératives par le chant et la sophrologie, c’est créer des espaces d’humanité dans ce qui pourrait sembler n’être que perte.
C’est reconnaître la beauté de chaque personne, au-delà de la maladie, et lui offrir un moment pour respirer, vibrer, exister pleinement.
Car même lorsque les mots ne sont plus là, la voix sait encore parler au cœur.
Et parfois, elle rallume des étincelles là où on ne les attendait plus.
Commentaires